jeudi 24 avril 2008

FIGER L’INSTANT


Et si suspendre, c’était dompter ; dresser au sens d’apprivoiser ; comme on apprivoise des formes, ou une pratique artistique. D’ailleurs, c’est au cirque que l’on trouve de très belles suspensions : Certains exercices de suspensions par les mains, les pieds, les genoux, le ou les talons, le menton, le cou ou les dents procurent au spectateur une impression où se mêlent l'admiration et le sentiment de la beauté. Tout ceci ne s’obtient qu’après une somme d’efforts et de répétitions.
Peut-être la suspension est-elle symptomatique de l’idée d’une continuité, d’une survie, grâce à la place qu’on laisse à l’imagination.
De fait, arrêter le vol, suspendre l’histoire, figer l’instant où l’image donne la représentation de l'immortalité à l’instar de la Sibylle de Cumes suspendue dans sa boule pour l’éternité.

La Sibylle de Cumes. (Héraclite, Plutarque, Pausanias, Virgile) La légende dit qu’Apollon avait offert ce qu’elle désirait à la Sibylle en échange de son amour. Elle accepta le cadeau et demanda autant d’années de sa vie qu’un tas de poussière contenait de grains ; et il y avait mille grains ; malheureusement elle omis de demander la jeunesse perpétuelle, et ayant par la suite refusé son amour au dieu, il la laissa vieillir suspendue dans une ampoule de verre au plafond de sa cave, toute recroquevillée, et lorsque des enfants lui demandaient ce qu’elle désirait, elle disait simplement : « Je veux mourir ».

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